M. J. Haute-Vienne – Etat de stress post traumatique Handicap Trisomie – EMDR

Témoignage manuscrit

Le 5 juillet 2007 ma première petite fille Mélisse est née.

Ce bébé très attendu est le premier bébé de C. ma fille et je suis folle de joie lorsqu’elle m’apprend la naissance et que tout va bien pour elle et le bébé.

Je pars le lendemain matin à Lyon les voir.

Le premier jour, tout va bien.

Le deuxième jour, je vois que Mélisse a un hématome sur la tête. Ma fille me dit que cet hématome va se résorber dans un délai de trois mois maximum.

Je ne peux m’empêcher d’être inquiète. Je rentre à Limoges.

Et là, le lendemain, la catastrophe commence.

Alors que tout le monde autour de moi me dit qu’être grand-mère ce n’est que du bonheur, moi j’ai envie de pleurer. J’ai une angoisse terrible en moi.

Il se passe quelque chose d’affreux : je n’arrive pas à retenir le nom de ma petite fille : d’un seul coup au moment où je repense à elle, plus rien, un écran vide devant mes yeux, ma tête est vide.

Je fais des efforts pour me concentrer. Je sens une boule d’angoisse, j’ai la peur au niveau de mon estomac. Cette peur parcourt tout mon corps. Mon cœur se met à taper plus fort. Je suis comme vidée de tout. Je fonds en larmes.

Cela va se passer plusieurs fois par jour. Je pense qu’il ne peut rien m’arriver de pire. Je ne peux pas faire ça à ma fille !

Pourquoi est-ce qu’il m’arrive une telle chose alors que le soir de la naissance de Mélisse j’étais si contente ?

Une honte immense m’envahit. Je ne peux en parler à personne. C’est vraiment inavouable. J’ai peur que ma fille m’appelle au téléphone et de ne pas pouvoir me souvenir du prénom de ma petite fille à ce moment-là. Une panique totale m’envahit.

Alors pour essayer d’arrêter cela, je m’oblige sans arrêt à avoir ce prénom présent à l’esprit. Je ne peux plus rien faire d’autre. Je ne peux plus travailler, car j’ai peur de le perdre, j’ai peur de ne plus voir ma petit fille dans ma tête.

Je pleure seule dans ma voiture, je pleure au travail. C’est une expérience très douloureuse et surtout je ne comprends pas ce qu’il m’arrive.

Lorsque j’appelle Jean-Pierre Cauver dont ma sœur m’a donnée les coordonnées, j’éclate en sanglots. C’est la première fois que je peux en parler à quelqu’un sachant que ma fille aînée a un handicap. Elle est trisomique.

Il m’explique que je revis trente-deux ans après la naissance de M. des traumatismes que l’hématome de Mélisse a fait ressurgir.

Il me propose un rendez-vous immédiatement afin de traiter ce syndrome post-traumatique par une séance d’EMDR (ESPT).

Après la séance d’EMDR j’ai eu en moi la joie d’accueillir Mélisse. Je n’ai jamais oublié son prénom. J’ai eu confiance en l’avenir. Tout allait bien.

L’histoire de Mélisse est clairement différente de celle de ma fille qui a un handicap. Je peux voir l’avenir de façon sereine. Je n’ai plus de manifestation d’angoisse dans mon corps. J’apprécie le bonheur d’être grand-mère. Au travail des collègues m’ont dit que depuis que j’étais grand-mère j’était beaucoup plus gaie et souriante.

Aujourd’hui c’est une nouvelle page qui s’ouvre devant moi avec beaucoup de bonheur.

Je ne souffre pas de ce que j’ai vécu à l’annonce du handicap de ma fille. Je suis libérée de cela pour donner plein d’amour à mes enfants et à Mélisse ma petite fille.

M.

[haut.]